La découverte de notre patrimoine
Au cours de ma carrière de guide, j’eu le privilège d’emmener une famille américaine sur les plages du débarquement en Normandie. Richard, vétéran de la seconde guerre mondiale, avait fait partie des jeunes soldats parachutés sur le bocage normand la nuit du 6 juin 1944. Il souhaitait faire découvrir les lieux à sa fille, son gendre et ses petits-fils.
Inutile de préciser que je me sentais dans mes petits souliers. Qu’allais-je pouvoir apprendre à cet homme, moi qui étais née trente ans après le jour le plus long ? Eh bien, c’est ma vision globale du conflit que je lui amenai. Lui avait vécu les évènements de son point de vue : sa préparation, ses frères d’armes, sa première rencontre avec un soldat allemand… Moi, j’ajoutais les origines du conflit, les choix tactiques des généraux, les mouvements de troupes. J’osai même, après avoir emmené cette famille se recueillir sur les tombes des soldats américains au cimetière de Colleville-sur-Mer, les emmener sur les sépultures allemandes.
Ce fut sans doute l’un des évènements les plus marquants de ma carrière et cela m’a permis de réaliser à quel point notre vie est tributaire de faits indépendants de notre volonté.
Ce sont ces expériences et nombres d’autres qui petit à petit ont fait naître le projet d’Ad Vitâme. En 2009 je franchis le pas : après avoir relaté par le menu les vies de François Ier, de Louis XIV, de Jean-Honoré Fragonard, de Victor Hugo et de tant d’autres, je m’occuperai également de mes contemporains, dont les vies sont toutes aussi passionnantes.
Jean Honoré Fragonard par Auguste Maillard,
Square du Clavecin, Grasse.
Des études d’histoire de l’art et d’histoire m’ont menée à la profession de guide-conférencière. Depuis plus de vingt ans, je fais découvrir notre patrimoine à des visiteurs tant français qu’étrangers, partageant ma passion pour notre héritage culturel. Cette transmission m’a fait prendre conscience que le devoir de mémoire se devait de commencer par soi-même.
Connaître sur le bout des doigts l’histoire de notre pays présente-t-il un intérêt si l’on ignore celle de notre famille ?
Un jour que j’évoquais le mariage de ses parents avec ma nièce, âgée alors de sept ans, le Bout de chou me rétorqua que ses parents n’étaient pas mariés. Ils ne pouvaient l’être à ses yeux puisqu’elle n’avait pas vécu la grande fête de leur union. Mon frère et ma belle-sœur ne lui avaient encore montrée aucune photo. Comment connaître un évènement si on ne nous l’a pas relaté ? Combien d’enfants pensent ainsi ?
Diane Saurat-Rognoni
Ad Vitâme
9 rue Jean Ossola 06130 Grasse
Tél : 06 07 30 46 45 diane@ad-vitame.fr
© jamdesign - Fotolia.com
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